
L’usage traditionnel des Gongs dans les hauts plateaux du Vietnam

Aujourd’hui, treize éléments de la culture vietnamienne sont inscrits sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité (UNESCO). En 2005, l’usage traditionnel des Gongs dans les hauts plateaux du centre du pays [Không gian văn hóa cồng chiêng Tây Nguyên] permit au Vietnam d’apparaître pour la seconde fois dans cette prestigieuse liste. Partons à la découverte d’un monde mystique où l’usage du gong constitue un langage privilégié entre les hommes, les divinités et le monde surnaturel. ⛰️🕺🏽🥁
Culte des ancêtres, chamanisme et animisme
Dans les hauts plateaux du centre du Vietnam, les provinces de Kon Tum [Tỉnh Kon Tum], Gia Lai [Tỉnh Gia Lai], Dak Lak [Tỉnh Đắk Lắk], Dak Nong [Tỉnh Đắk Nông] et Lam Dong [Tỉnh Lâm Đồng] vibrent régulièrement au son des gongs. Leur musique résonne au gré des cérémonies qui rythment la vie des dix-sept groupes ethniques qui peuplent ces territoires.
Ici, les communautés vivent principalement de l’agriculture traditionnelle. Ils ont développé de nombreuses activités artisanales et demeurent dans des habitats traditionnels. Les croyances des habitants reposent sur le culte des ancêtres, le chamanisme et l’animisme, et c’est dans ce contexte de croyances que l’usage (le jeu) du gong constitue un pont spirituel entre les hommes, les divinités et le monde surnaturel.
Derrière chaque gong se cache un dieu (ou une déesse) qui est d’autant plus puissant et sacré que le gong est ancien. Toute famille possède au moins un gong qui témoigne de sa fortune, de son autorité et de son prestige, tout en lui assurant protection, tel un bouclier.
Le principal instrument cérémoniel
Si différents instruments de la famille des cuivres sont utilisés lors de certaines cérémonies, seul le gong est présent dans tous les rituels de la vie communautaire, et il constitue le principal instrument cérémoniel. La façon de jouer du gong varie d’un village à l’autre, d’une ethnie à l’autre, tantôt battu au poinçon, tantôt frappé directement avec la main.
Chaque instrumentiste porte un gong différent, d’un diamètre variant entre 25 et 80 centimètres. Les ensembles d’hommes ou de femmes comptent entre trois et douze gongs selon les villages. La configuration et le rythme sont adaptés au contexte de la cérémonie, tels le sacrifice rituel des bœufs, la bénédiction du riz, les deuils, ou encore le perçage d’oreille pratiqué traditionnellement sur les jeunes enfants.
De nos jours, la mutation du mode de vie des communautés des hauts plateaux, et en particulier celui des jeunes générations qui se détournent des rituels traditionnels, menace la pérennité de cet élément de la culture vietnamienne. Inutilisés, les gongs deviennent alors de banals objets de commerce et d’échange, et sont même parfois vendus comme simple matériau recyclable. Le Festival des Gongs des hauts plateaux du centre [Lễ hội Cồng chiêng Tây Nguyên], organisé chaque année à tour de rôle dans l’une des provinces énumérées précédemment, est une occasion unique de ressentir les vibrations de cet instrument sacré.
Assurer une meilleure visibilité du patrimoine culturel immatériel
Adopté par l’UNESCO le 17 octobre 2003, le texte fondateur de la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel indique que la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité vise à « assurer une meilleure visibilité du patrimoine culturel immatériel, faire prendre davantage conscience de son importance et favoriser le dialogue dans le respect de la diversité culturelle ».
Ce texte fondateur précise que le patrimoine culturel immatériel correspond aux « pratiques, représentations, expressions, connaissances et savoir-faire – ainsi que les instruments, objets, artefacts et espaces culturels qui leur sont associés – que les communautés, les groupes et, le cas échéant, les individus reconnaissent comme faisant partie de leur patrimoine culturel. Ce patrimoine culturel immatériel, transmis de génération en génération, est recréé en permanence par les communautés et groupes en fonction de leur milieu, de leur interaction avec la nature et de leur histoire, et leur procure un sentiment d’identité et de continuité, contribuant ainsi à promouvoir le respect de la diversité culturelle et la créativité humaine ».
La liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité compte aujourd’hui 529 éléments à travers 135 pays (dont 20 éléments en France et 13 éléments au Vietnam).
Image d’illustration : Joueurs de gong par Administration nationale du tourisme